Combien on est et à quoi çà sert ?

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Tout le monde ne participe pas à toutes les réunions et une personne est vite lâchée si toute la vie de la communauté tourne autour des seules rencontres. De plus, ceux qui ont participé à une réunion se sont peut être engagés à faire quelque chose pour le groupe d’ici la prochaine rencontre. Mais la vie reprend son cours et une fois happés par ses autres activités, ils se focaliseront bien souvent sur d’autres activités plus urgentes en oubliant la communauté… jusqu’à la prochaine fois…


Continuer des échanges entre les rencontres est nécessaire pour toucher les proactifs et les réactifs qui n’ont pu pour une raison ou une autre participer à la dernière réunion, mais aussi pour toucher les observateurs (et même les inactifs qui peuvent à un moment redevenir observateurs et rerentrer dans le jeu). Souvenez-vous de cela : les observateurs et les inactifs sont vos amis ! Ce sont eux qui non seulement créent un premier public pour les actifs, mais bien plus important encore, ceux qui ne sont pas actifs peuvent pour certains le devenir et ainsi, par le jeu des arrivées et des départs, conserver constant le taux des proactifs (quelques pourcent) et des réactifs (quelques dizaines de pourcent). Bien sûr vous pouvez parier que ce sont des personnes entièrement nouvelles qui viendront s’investir fortement pour remplacer ceux qui partent, mais cela revient à vouloir faire un lieu pour attirer le public avec un escalier dont la première marche est bien plus haute que les autres. Les personnes extérieures au groupe sont aussi importantes que les inactifs, les observateurs, les réactifs et les proactifs pour assurer la pérennité de votre communauté, mais l’un ne remplace pas l’autre !



A retenir : qui sont vos amis ?


Chaque type de participant (et même de non participant) est utile pour la communauté.

  • Les proactifs sont vos amis : ils ne sont pas très nombreux mais ce sont eux la force vive de votre communauté ;

  • Les réactifs sont vos amis : ils sont dix fois plus nombreux que les proactifs et en plus ils contribuent lorsque vous le leur demandez ;

  • Les observateurs sont vos amis : ils sont encore plus nombreux ! Vous ne les voyez pas mais  ils forment un public pour les plus actifs, peuvent relayer l’information en dehors de la communauté et permettent de conserver constant le pourcentage d’actifs dans le groupe avec quelques uns qui deviennent plus actifs lorsque des actifs se désimpliquent ;

  • Les inactifs sont vos amis : vous les avez peut être jamais vu, mais eux ont déjà entendu parler de la communauté et peuvent même pour certains se rappeler en faire partie. Ils peuvent même à l’occasion redécouvrir ce que fait la communauté et ainsi devenir observateurs ;

  • Même ceux qui ne sont pas membres de la communauté sont vos amis : quelques uns d’entre eux pourront la découvrir, relayer ce que vous faites et ainsi apporter visibilité et légitimité à la communauté et même peut être la rejoindre pour la faire grossir ou au moins remplacer ceux qui en partent ;


Au lieu de toucher une grande part des réactifs (comme c’est le cas des rencontres, sauf les rencontres exceptionnelles qui peuvent aller un peu plus loin), les discussions entre les rencontres permettent de toucher la très grande majorité des membres de votre communauté.


Exemple : les réunions internationales


Au tout début des années 1990, je me suis impliqué dans la normalisation internationale. Nous nous réunissions deux fois par an dans un coin du monde pendant une semaine. Cette semaine était très active pour faire avancer les documents et à la fin de la semaine, outre de nouveaux documents, nous avions un plan d’action bien rempli à faire pour la fois suivante.


Entre les réunions, j’animais le groupe français qui lui se réunissait une fois par mois. Nous faisions des commentaires sur le projet de norme, mais outre ce travail qui faisait partie intégrante de nos réunions, le reste du plan d’action était vite oublié et lors de la réunion internationale suivante nous reprenions pratiquement là où nous en étions six mois plus tôt. Il en allait de même avec les réunion s nationales où très peu de choses se passaient entre deux réunions mensuelles… C’est sans doute pour cette raison qu’il fallait en moyenne sept ans pour faire une norme !


Quelques années plus tard, grâce à l’arrivée du Web et des fournisseurs d’accès, l’internet est devenu très répandu et aucun d’entre nous ne pouvais plus s’en passer. Il devenait possible de continuer les échanges entre les réunions, de poser une question, de demander de l’aide, de proposer une version non finalisée d’une action à faire pour demander l’avis des autres, etc.


Pour résumer : avant d’avoir l’internet, nous travaillions pendant les réunions et ne faisions rien entre ; après l’arrivée de l’internet, nous travaillions entre les réunions… et beaucoup moins pendant les réunions qui permettaient surtout de mieux nous connaître pour ensuite mieux échanger (mais il ne fallait pas le dire aux employeurs qui n’auraient pas compris que l’on puisse payer aussi cher pour envoyer quelqu’un à l’autre bout du monde pour passer du bon temps avec les autres... ). Depuis les choses avancent bien plus vite que lorsque nous n’échangions que deux semaines par an (en plus il est vrai des quelques courriers envoyés entre les réunions…) !


Première difficulté : il nous faut un outil


Il y a cependant une difficulté ! Si nous savons nous réunir sans outil particulier (sauf peut être des “outils” de transport lorsque ,nous sommes éloignés les uns des autres -cheval, voiture, train, avion...-), comment pouvons nous continuer de discuter lorsque nous ne sommes plus ensemble ?


Il nous faut pour cela un outil à défaut d’être télépathes… Mais on peut distinguer deux sortes de réactions face à un outil (nous pouvons avoir l’une ou l’autre selon les outils) :

  • Il y a ceux qui ont envie de se précipiter pour essayer ce nouveau jouet (on parle de technophiles ou pour l’internet, de geeks) ;

  • et ceux qui sont inquiets de devoir s’approprier “encore un nouveau truc” au détriment de ce qu’ils font déjà. Dans le cas extrême, pour ceux qui rejettent les outils, on parle de luddites, mais dans le cas plus général, il s’agit de personnes ordinaires comme vous et moi.


Exercice individuel : êtes vous geek ou luddite ?


J’aimerais vous poser deux questions?

  1. Pouvez vous me citer un outil que vous utilisez et que vous êtes heureux d’utiliser ? Cela peut être un outil très simple comme le téléphone, l’ordinateur, voire un simple stylo… mais aussi un réseau social, un outil Web pour votre veille ou pour échanger en visio, voir tout autre chose…

  2. Pouvez-vous me citer un outil que, si je vous demandais de l’installer,  vous ne voudriez pas utiliser ? Cela peut être un des réseaux sociaux ou une application de partage que vous n’utilisez pas : Facebook, Twitter, Google+, , Viadeo, Instragram, foursquare, snapchat, myspace ou même un réseau social dédié que j’ai développé et que je vous propose… ou encore un tout autre outil sur le Web.


Très probablement vous avez su répondre à ces deux questions. Vous êtes un peu geek et un peu luddite, même si vous avez tendance à être plus l’un ou plus l’autre…


Une dernière questions :

Qu’est-ce qui vous inciterait à utiliser un outil qui est nouveau pour vous mais que vous avez peu envie de tester (sans être absolument contre) ?


Très probablement votre réponse à la troisième question sera du type :

  • que ce soit simple et que cela me prenne peu de temps ;

  • et surtout que cela soit nécessaire pour participer à un projet ou une communauté dans lequel j’ai envie de m’investir ;


Donc si vous imposez un outil… adieu les moins motivés, c’est à dire les peu réactif et surtout les observateurs. Vous allez vous couper de probablement 90% de votre communauté (et surtout de certains qui, par la suite, pourraient s’investir lorsque d’autres se desimpliqueront du groupe).


Il nous faut donc un outil pour continuer d’échanger entre les rencontres synchrones, mais ce même outil peut nous couper des moins impliqués que nous cherchions justement à remettre dans le coup !  Il va vous falloir un outil très simple et que chacun utilise (ou du moins le plus grand nombre). Il vous faudra sûrement faire preuve de patience, de pédagogie et rendre les échanges entre les rencontres agréables voire amusants pour aider y compris les moins motivés à l’utiliser, ne serait-ce que de façon passive pour se tenir au courant.


Il nous faut un outil, mais pas n’importe lequel !


Il existe de nombreux outils en particulier sur internet (mais pas seulement). Il faut cependant qu’ils soient adaptés à ce que nous souhaitons en faire : faciliter les échanges ENTRE les rencontres synchrones :

  1. un outil collectif : il ne s’agit pas simplement de discuter deux à deux mais tous ensemble, y compris avec les observateurs qui écoutent mais ne parlent pas. Le courrier pourrait faire cette fonction si chaque personne qui veut réagir envoie sa réaction à tous les membres de la communauté mais cela est lourd et cher et manquerait pour le coup de dynamisme !

  2. un outil asynchrone : nous savons déjà l’importance de créer des moments synchrones grâce au chapitre précédent et nous savons qu’il existe même des outils pour organiser des réunions à distance. Le téléphone permet d’organiser des réunions téléphoniques. Mais tout le monde n’est pas disponible au même moment… Il faut donc que chacun puisse voir ce que disent les autres et éventuellement répondre au moment qu’il a lui même choisi ;

  3. un outil push : un mot qui signifie “pousser” en anglais (dans le sens de “pousser l’information jusqu’aux personnes”). En effet, nous souhaitons que même ceux qui sont peu impliqués puissent suivre les échanges. Demandez à votre communauté d’aller sur un site Web spécifique ou bien sur un forum (outils “pull” comme “tirer à soi”) et vous n’aurez pratiquement que les plus réactifs qui viendront (voire les proactifs qui prendront l’initiative d’y revenir régulièrement). Il va donc vous falloir “pousser” les discussions jusqu’à ce que regardent (au moins pour le plus possible) chacun régulièrement  : le courrier dans sa boite au lettre (pas très efficace dans ce cas on l’a vu), son répondeur téléphonique (il risque d’être vite saturé…), son mail ou éventuellement les réseaux sociaux qu’il suit ;


Pour en savoir plus : les forums


Les forums existent depuis longtemps sur l’internet. Avant même l’arrivée du Web existaient depuis 1979 les “newsgroups” de usenet. Les forums actuels sont bien plus simples à utiliser : il suffit d’aller sur une page Web pour voir ce qu’ont écrit les autres sur un des sujets proposé. Mais tout est là : il faut “aller” sur le site Web”.


Nous sommes donc dans le cas d’un outil “pull” où les utilisateurs doivent faire l’action d’aller sur le forum (contrairement aux mails par exemple qui arrivent directement dans notre boîte aux lettres électronique ). Quelqu’un qui arrivera sur votre forum (le plus souvent par un moteur de recherche ou un lien depuis un autre site) oubliera très probablement d’y revenir régulièrement, sauf s‘il s’y implique fortement.


Cela ne veut pas dire que les forums sont inutiles pour les échanges en ligne. Mais comme ils nécessitent un niveau d’implication supérieurs à un outil “push” comme le mail, le nombre de personnes nécessaires pour avoir une dynamique suffisante est plus important. On considère qu’il faut au moins 300 inscrits sur un forum très ciblé comme un forum d’entraide technique (et même plus sur un forum plus généraliste), à comparer à la centaine de personnes nécessaire pour faire vivre une communauté comme nous avons parlé au chapitre “3 La communauté : la puissance des grands nombres”.


On pourrait trouver une astuce, grâce aux notifications mail. Dans ce cas, à chaque fois qu’il y a une nouvelle contribution sur un forum qui m’intéresse, je reçois un mail. Il faut cependant savoir que très peu de personnes cliquent sur un lien dans un mail (il faut être motivé…). Il faut donc que le mail contienne la contribution pour avoir plus de chance qu’elle soit lue. Plus encore, il faudrait pouvoir répondre à cette contribution simplement en répondant au mail , sans avoir à passer par le forum. Cette fonction est plutôt rare car cela nécessite de reconnaître la contribution qui a été envoyée de la réponse afin de ne publier que cette dernière au bon endroit dans le forum.


La newsletter (lettre d’information) pourrait sembler remplir toutes ces conditions : elle permet de toucher l’ensemble de la communauté (collectif) , chacun peut la liste quant il le souhaite (asynchrone) en la recevant directement dans sa boîte aux lettres mail (push). Mais si tout le monde reçoit l’information de départ, la lettre de discussion ne permet pas de discuter ENTRE les membres de la communauté. Il est parfois possible de laisser des commentaires, mais les autres abonnés doivent alors aller sur le site (pull) pour les lire. La lettre d’information est un (très bon) outils pour l’information, mais pas pour les discussions entre les membres de la communauté entre deux rencontres.


Il existe plusieurs outils collectifs, asynchrones et push sur l’internet, mais nous ne sommes pas sorti d’affaire pour autant…


 


 

Retrouvez tous les épisodes publiés ainsi que d'autres contenus sur http://tinyurl.com/animapproches et échangez sur https://lite6.framapad.org/p/animapproches

(Des exercices, des exemples et des compléments sont ajoutés au fur et à mesure)


Rendez-vous le 22 janvier pour le prochain épisode: la deuxième partie de “Des discussions entre les rencontres y compris pour les moins actifs” avec la deuxième difficulté à lever pour toucher même les moins actifs de votre communauté

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