Le colloque prospective 2005 a permis de faire le point sur différents aspects de la prospective.

Marc GigetMarc Giget du CNAM, après avoir présenté la différence entre changement, innovation et progrès, a donné comme définition de l'innovation : "transformer les rêves en réalité". Lorsqu'il y a innovation de rupture, on assiste souvent à un changement d'acteurs du fait de la règle de "l'aveuglement du leader". C'est également la "période de marges exceptionnelles" car "les coûts descendent par l'ascenseur et les prix descendent par l'escalier". Par exemple, les taxi bleus parisiens ont été les premiers au monde à utiliser le GPS et ont ainsi baissés leurs coûts de 30%.

Mais l'innovation n'est pas seulement technologique. Après l'arrivée d'une nouvelle technologie (par exemple la mémoire flash) on assiste à des applications directes (par exemple la clé USB). C'est surtout avec la conception ensuite de briques B to B que l'on voit l'entrée en lice de "low costs". Plus encore que l'innovation par les fournisseurs, c'est la "synthèse créatrice" par les utilisateurs qui est le phénomène majeur. Trois exemples montrent comment elles intègrent de nombreuses technologies pour proposer une adaptation très fine à chaque utilisateur :
  • Le ipod (dont les technologies viennent principalement d'IBM) permet d'emporter 1000 musiques avec soi
  • Telelangues (cyber teacher) prend en compte 500 variables du rapport de l'individu avec la langue
  • Ipseo créée des verres progressifs sur mesure à partir de 500 variables obtenues grâce à une empreinte visuelle (prenant en compte les mouvements tête/oeil)
Claude AschenbrennerClaude Aschenbrenner d'Euroclear a montré que quand l'information devient liquide, le principal était de digérer les très nombreuses informations pour leur donner un sens (du sens). Cela nécessite de fixer des règles du jeu.

Comme le dit George Perec auteur entre autre de la disparition (un roman écrit sans la lettre "e") : "je me donne des règles pour être libre". Finalement, le temps est plus critique que l'information elle-même.

Frode HeglandFrode Hegland, responsable du projet Liquide Information à l'Interaction Center du London University College a montré ce que l'on pouvait faire avec du texte à partir d'exemples sur les sites de CNN et de la BBC. Chaque mot (ou selection de mot) permet d'ouvrir un menu qui contient de nombreux outils : définition, traduction, cartes des pays, etc... Il est également possible de choisir ainsi de surligner certaines parties du texte.

Il explique qu'il ne croit pas au Web sémantique : son laboratoire ne fait pas de moteurs de recherche, il ne fait pas de Knowledge Management (qui impose un ordre à une montagne de connaissances), mais il cherche à aider les personnes à "digérer" l'information pour leur donner plus de liberté.

Jean-Michel CornuJ'ai ensuite présenté le rapport prospecTIC 2010 en insistant sur 3 innovation de ruptures prochaines : les mémoires, les batteries et les écrans. Et en présentant l'arrivée des objets intelligents et communiquants (l'informatique ambiante) et la disparition des frontières : entre les mondes virtuels et réel avec l'exemple du Prop qui permet de faire de la téléprésence en "traversant" les mondes virtuels ; entre l'électronique et la biologie avec les puces sous cutanées (et bientôt dans le cerveau) de Kevin Warwick ou encore entre l'homme et la machine avec les interactions de navigateurs directement par la pensée.

Paul Soriano, directeur de l'IREPP a continué l'exercice en comparant de nombreux critères suivant 4 phases : autrefois (le rouleau de papirus), avant-hier (le livre), hier et aujourd'hui (la télévision) ainsi que aujourd'hui et demain (l'internet). Par exemple les âges de la vie mis en avant était les anciens autrefois, puis les adultes, les jeunes récemment et maintenant les adolescents (à ne pas confondre avec les jeunes. De nombreux entrepreneurs sont de "vieux adolescents"...).

Table rondeL'après midi a eu lieu une table ronde autour de ce qui va changer pour les professionnels de l'information et pour les entrepreneurs de la connaissance, animée par Nicolas Arpagian de 01 DSI avec Ludovic Dubosc fondateur de Xwiki, Laurent Delaporte directeur adjoint de Microsoft France et Thomas Defaye de l'INRIA Transfert.

Christophe GinistryChristophe Ginistry, fondateur de Pointblog a fait une présentation très intéressante sur l'importance du phénomène des blogs. Il présente un blog comme un site Web permettant la journalisation, l'archivage et la syndication au quel on a ajouté par la suite la possibilité pour les lecteurs de faire des commentaires (qui, contrairement aux forums sont "éditorialisés" car sur des thématiques choisies par l'auteur"). Il indique que pour Perre Assouline, le blog est un "journal extime" (par rapport au journal intime).

Il y a 15 à 17 millions de blogs dans le monde et un nouveau blog se crée toute les 5 secondes. La France est parmi les grandes nations du blog avec 3 millions (dont 20 millions sur Skyblog). On retrouve aussi ce phénomène avec les Wiki dont un des plus connus est "oh my news" qui a pris la position d'un véritable contre pouvoir en Corée du Sud avec 50000 auteurs.

Il définit 4 axes déclencheurs d'appropriation : la simplicité, l'accessibilité, la modularité et le coté flagrant (évidence de l'utilité). Cela lui permet d'identifier les déclencheurs encore aujourd'hui trop faibles suivant les différents actions sur un web (lecture, création, écriture, modification, commentaire...). La création de blogs est proportionnelle au désir d'expression, mais celui-ci est éphémère (le plus souvent 3 à 6 mois). Peu de blogs de jeunes survivent au passage des vacances...
  • Les facteurs clés du désir d'expression sont : l'age, la situation politique (voir par exemple Salam Pax en Irak), la pression médiatique, la sociologie (les français, les russes ou les italiens bloguent plus), les contraintes professionnelles (journaliste ne pouvant pas tout exprimer dans son média, personnalité voulant fournir une information fiable sur elle-même) et le partage de connaissances.
  • Les facteurs clés du désir de lecture sont : la singularité, l'intimité, l'interactivité et la syndication
  • Le facteur principal de fidélisation est : l'intimité

Il y a plusieurs conséquences au phénomène des blogs :
  • Une perte d'influence des médias (qui ne disparaîtrons pas pour autant)
  • La modification de la fonction journalistique
  • L'Emergence d'un journalisme citoyen
  • Le bouleversement total de la consommation d'images vidéos
  • L'éclosion d'une nouvelle génération de leadersGilles Balmisse
Gilles Blamisse, directeur associé de Knowledge Consult a cloturé la journée en présentant une grille de lecture décomposant l'importance des différents technologies, services et métiers en terme d'accès, d'exploitation, de coordination et de collaboration.

La "master class" a été organisée par veille magazine et ICCE (Intelligence Collective, Coopération et Efficacité dans le cadre des rencontres KM et EC au Sofitel de la porte de Sèvres.

Voir aussi le compte rendu en particulier de la présentation de Christophe Ginistry sur les blogs par Aurelien Gaucherand.

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