Une communauté pour échanger, s’entraider et faire des projets collectifs


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Une communauté avec le plus de monde possible permet de ne pas être seul (çà c’est une évidence... mais c’est aussi un des points clés pour ceux qui veulent apprendre et agir).

  1. Dans son niveau minimal une communauté permet de s’approprier collectivement des informations (c’est le rôle principal des community managers) ;

  2. Elle permet d’aller plus loin et de  favoriser l’entraide et l’échange entre les membres. Cela est particulièrement utile quand les membres développent des projets ;

  3. Et mieux encore, elle permet de développer des actions collectives :

    1. Les projets collectifs fonctionnement bien avec un noyau jusqu’à une douzaine de personnes. Ils bénéficient de la communauté (premier public, idées et veille,  aide ponctuelle et “réservoir” de nouveaux participants potentiels) et la communauté bénéficie des projets  (dynamique active dans le groupe, émulation entre les projets) ;

    2. Il est aussi possible de développer des activités avec toute la communauté (avec une organisation adaptée pour par exemple, organiser ensemble un événement, mais aussi de façon moins classique, pour organiser des débats en intelligence collective (comme nous le verrons dans le livre 3 “développer des compétences pour la coopération”)  ;


La méthode proposée dans ce livre, permet d’articuler les projets collectifs (moins de douze porteurs par projet) et une grande communauté (plus de cent personnes) pour un bénéfice mutuel.


La question oubliée : le temps disponible


La plupart du temps nous organisons notre communauté “comme si” tout le monde avait tout son temps et toute son attention y dédier. Cela peut être à peu près le cas avec des militants (qui se dédient justement à cette communauté) ou à des personnes qui sont payées pour y participer (et encore elles ont souvent bien d’autres choses à faire…). Mais si nous voulons toucher le plus grand nombre pour profiter de la taille de la communauté, nous allons devoir prendre en compte le manque de temps que chacun peut consacrer à une communauté particulière. En ce début de XXIème siècle nous sommes de plus en plus sollicité de partout (famille, amis, travail, réseaux sociaux, etc.) ce qui rend cette approche encore plus indispensable.


La méthode proposée dans ce livre consiste à animer des personnes qui n’ont pas le temps… avec des personnes qui n’ont pas le temps !


L’escalier de l’implication… et de la desimplications


Il est tout à fait normal que certains membres de la communauté s’impliquent moins à un moment (découragement, problème personnel, autre activité qui leur prend plus de temps…). Il est donc nécessaire à l’inverse de favoriser l’implication de nouvelles personnes. Cela se fait en proposant différentes étapes simples à franchir pour que chacun trouve sa place. Un peu comme les marches d’un escalier qui ne doivent pas être trop hautes pour le gravir plus facilement. On peut définir ainsi des niveaux croiosssants d’implication dans une communauté :

  • Les personnes extérieures qui ne connaissent pas la communauté

  • Les personnes extérieures qui connaissent la communauté

  • Les membres de la communauté qui y sont inactifs ;

  • Les membres qui sont observateurs : ils suivent ce qui s’y fait sans contribuer ;

  • Les membres qui prennent une attitude réactive : ils contribuent lorsqu’on leur propose

  • Les membres qui prennent une attitude pro-active : ils prennent des initiaitives


Inutile de vous lamenter que “les autres” ne participent pas, vous faites sans aucun doute la même chose dans d’autres groupes. Il est très probable d’ailleurs que vous adoptiez des niveaux d’implication différents, chacun dans au moins un des nombreux groupes que vous connaissez (familial, amical, professionnel, associatif, etc.). Implication2.png


Par contre, on observe de façon très contre intuitive que le pourcentage de personnes dans chacun des niveaux d’implication  reste assez stable (en particulier entre 1 et 5% de proactifs et 10 et 20% de réactifs).




les rôles d’animation : facilitateur, porteur de projet, leader…


Les animateurs de projets et de communautés ont souvent peu de temps disponible :

  • les porteurs de projets passent parfois beaucoup de temps sur leur projet mais consacrent souvent beaucoup moins d’attention et de temps au reste de la communauté ;

  • les leaders sont souvent très sollicités de partout (surtout s’ils sont visibles à l’extérieur de la communauté). Si ce n’est pas le cas, et qu’ils sont très (trop) impliqués dans la communauté, alors ils risquent de freiner ceux qui sont moins légitimes qu’eux et qui auraient pu s’impliquer. Parfois le leader porte l’unique projet de la communauté qui s’effondre alors lorsqu’il arrête de s’impliquer, devenant ainsi le fossoyeur de sa propre communauté  ;


Le rôle de facilitateur de communauté devient particulièrement stratégique dans ce contexte. Il ne s’agit pas pour lui de passer énormément de temps (une heure par semaine suffit en général), mais de sa régularité dépend le bon fonctionnement du groupe. Il n’a pas besoin d’être très légitime, ni très actif, ni même très à l’aise dans les relations de groupes (il aura principalement des relations de personnes à personnes avec les membres actifs de la communauté). Le facilitateur s’assurera que les projets de la communauté ne s’arrêtent pas et qu’ils communiquent avec le reste de la communauté. Il vérifiera également que les activités de la communauté ont bien lieu (rencontres régulières, mise à jour de l’espace de partage…). Il pourra même si nécessaire, alerter le leader ou le reste de la communauté en cas de difficulté. Il permet ainsi à la communauté de fonctionner avec des animateurs réactifs, lui seul ayant un rôle nécessairement pro-actif.


D’autres rôles d’animation spécifique pour chacune des activités du groupe (voir paragraphe suivant) peuvent être pris en charge par un facilitateur, un leader, un porteur de projet ou bien encore par un ou plusieurs autres membres de la communauté. Mais là encore, ceux qui acceptent ce rôle ont une attention limitée à y consacrer. Le facilitateur sera bien utile pour que rien ne soit oublié.


Les quatre activités pour faciliter le fonctionnement autonome


La communauté a besoin pour bien fonctionner de quatre activités spécifiques :

  • un flux d’information qui peut toucher les membres mais aussi les non membres de la communauté (à votre avis : quelles informations ne doivent pas sortir d’une communauté dont les membres peuvent entrer et sortir librement ?). Il peut être utile d’avoir un ou plusieurs community managers, bloggeurs ou “griots” qui pensent à rassembler l’information et à la diffuser ;

  • des rencontres régulières en présentiel et/ou à distance qui motivent les plus actifs (les proactifs et une partie des réactifs). Elle peuvent  avoir lieu en présentiel et/ou à distance. Il peut être utile d’avoir un organisateur des rencontres qui pense à proposer régulièrement des sondages pour fixer les dates (et définir le lieu) ;

  • des discussions entre les rencontres qui permettent à ceux qui ne participent pas à toutes ou partie des rencontres de ne pas être déconnectés (en particulier les réactifs et les observateurs). La liste de discussion mail est la moins mauvaise solution pour cette activité à condition de fixer quelques règles. Il peut être utile d’avoir un ou plusieurs modérateurs pour rappeler ces règles et aider ceux qui en on besoin à s’inscrire et se desinscrire ;

  • un espace de partage qui permet, contrairement aux autres activités, de retrouver classées par thème les informations produites et échangée, indépendamment de l’activité et de la date de production. Il peut être constitué de différents niveau d’accessibilité (site, wiki, traitement de texte en ligne, pads…), mais avec une porte d’entrée commune pour constituer une gare de triage des informations du groupe. Il peut être utile d’avoir un ou plusieurs attrapeurs pour saisir les informations et les classer ;


Se mettre en réseau avec d’autres communautés


Une communauté à tout intérêt elle-même à ne pas être seule et à se mettre en réseau avec d’autres communautés. L’écosystème qui peut émerger de cette mise en réseau ne doit pas gêner l’autonomisation et l’identité des communautés mais simplement leur permettre d’échanger, de s’entraider, voire de mutualiser certains moyens et même de développer des actions communes. Il peut s’appuyer sur différents moyens :

  • un espace qui montre l’ensemble des communautés afin de favoriser pour certains l’appartenance à deux ou plusieurs communautés, créant ainsi un lien naturel entre les groupes (ce qui est dit dans l’un peut servir à un autre) ;

  • un “groupe noyau”  qui permet aux animateurs d’échanger, de s’entraider, de trouver des terrains de mutualisation…

  • éventuellement un groupe d’assistance aux animateurs (“helpers”), formés à la méthodologie. Ils peuvent accompagner les animateurs de groupes qui mettent en place ou réorganisent leur groupe mais aussi aider par la suite à détecter les manques dans l’activité d’un groupe pour en avertir le ou les facilitateurs ;


D’autres groupes peuvent même au-delà d’un écosystème de groupes particulier, aider dans la mise en réseau de ces écosystèmes de groupes, quelque soit les thèmes sur lesquels ils agissent :

  • Une communauté d’animateurs de groupes pour favoriser l’entraide  et la montée en compétence collective sur l’animation de groupes, comme c’est le cas d’anim-fr ;

  • Une communauté qui rassemblent ceux qui offrent des services aux communautés (logiciels, formation, accompagnement…) et qui peuvent ainsi mutualiser des moyens et rendre compatibles ce qu’ils offrent, comme c’est le cas pour le groupe Kaleidos-coop ;


Deux cartes et une approche pas à pas pour ne rien oublier

Nous avons déjà vu au chapitre 1 une première carte pour avoir une vue d’ensemble de ce qu’il faut prendre en compte pour son groupe. Je vous remet cette carte à la page suivante avec une autre qui présente les choses un peu différemment pour vous aider à vous approprier tous les concepts présentés ici. Imprimez cette page et affichez là, elle vous permettra de ne pas perdre le Nord…


Prenez le temps de faire votre rapport d’étonnement et l’exercice qui sont dans les pages suivantes, Ce sont 20 minutes qui vous permettront de de tirer tout le bénéfice de ce que vous avez déjà lu. Mais maintenant, par ou commencer ? comment faire étape par étape pour mettre en oeuvre ces principes ? C’est tout l’objet de la deuxième partie de cet ouvrage...


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A retenir : votre rapport d’étonnement sur l’animation de communautés

Prenez quelques instants pour noter avec vos propres mots ce qui vous semble important dans la première partie de cet ouvrage et ce que vous ne voulez pas oublier (rappelez-vous de “l’aveuglement paradigmatique” présenté au début)














































 

 


 

Retrouvez tous les épisodes publiés ainsi que d'autres contenus sur http://tinyurl.com/animapproches et échangez sur https://lite6.framapad.org/p/animapproches

(Des exercices, des exemples et des compléments sont ajoutés au fur et à mesure)

Rendez-vous le 11 mars pour le prochain épisode, un questionnaire sur la première partie

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