Jacques Lacan
Sommaire
Sommaire :
- Le jeu des signifiants
- Quelques définitions (en linguistique)
- Le signifiant est premier par rapport au signifié
- La langue
- Le jeu des signifiants est lié à la langue
- La parole est une jouissance
- L'inconscient est structuré comme un language
- Le discours
- La subjectivité de la science : créer un discours qui se tient
- Les 4 types de discours
- L'imaginaire, le symbolique et le réel : le noeud Borroméen
Le jeu des signifiants
Quelques définitions (en linguistique) tirées du petit Robert
- Sens : idée ou ensemble d'idées intelligible que représente un signe ou un ensemble de signes
- Signe : unité linguistique formée d'une partie sensible ou signifiant (sons, lettres) et d'une partie abstraite ou signifié. le morphème (forme minimum douée de sens), le mot sont des signes
- Signifié : (1910) contenu du signe
- Signifiant : (1910) manifestation matérielle du signe ; suite de phonème ou de lettres, de caractères, qui constitue le support d'un sens (opposé et lié au signifié)
- Signification : rapport réciproque qui unit le signifiant et le signifié
Le signifiant est premier par rapport au signifié
- "Le signifié", c'est à dire le contenu représentant un sens, est crée par le conscient : "le sens c'est ce qui s'avoue". Mais "ce n'est pas essentiel que cela ait un sens", le signifié n'est pas premier. Il faut au contraire se centrer sur le "dérapage du signifiant" (ou le "glissement du signifiant")
- Le discours, (expression verbale de la pensée suivant le petit Robert), ne peut qu'être un semblant, car il se veut basé sur le sens (voir "d'un discours qui ne serait pas du semblant"). Le problème n'est pas que l'on fasse semblant mais qu'on finisse par y croire (en particulier les psychanalistes...).
La langue
Le jeu des signifiants est lié à la langue
- La langue est spécifique à chacun (Il ne faut pas confondre la langue avec le langage qui en est une généralisation à l'homme).
- Le "dérapage du signifiant" intervient par exemple lorsque l'on parle de sexualité, c'est ce qui a permis à Freud de découvrir l'inconscient
: là où parler de la "sexualité" devrait avoir du sens, on s'empêtre
dans des effets de langage (contrairement à ce que semblent vivre les
animaux).note : Lacan s'interroge sur la raison de se "trou" que nous cherchons à combler avec des dérapages de langage. peut être est ce du chez l'homme à la situation de rut permanent, en d'autres termes à la perte l'oestrus. La société apporte également des "interdits" frustrants. Comme le dit Lacan "plût au ciel que les hommes fassent l'amour comme les animaux, çà serait agréable".
La parole est une jouissance
- Ce que Freud a découvert c'est que la parole ne sert pas à quelque chose mais qu'elle implique une jouissance : il n'y a pas de discours qu'on ne peut interpréter en fonction de la jouissance (idem pour Marx qui part de la valeur d'échange. Mais il fait apparaitre la valeur d'usage qui est ce dont on jouie, alors que la valeur d'échange est un moyen)
- Les pulsions partielles (dérives de la jouissance : manger, chier, voir ou parler) sont pris comme un substitut à la jouissance sexuelle. C'est comme cela qu'est introduite la référence au rapport sexuel. Mais il est rare que la jouissance sexuelle établisse un rapport. Il n'y a pas de rapport sexuel, juste un acte. La jouissance sexuelle est en quelque sorte détachée du rapport sexuel.
- Pour l'être parlant, tout est dévié. Ce qui se dérobe à lui c'est ce rapport sexuel.
L'inconscient est structuré comme un langage
- La langue est une autre forme d'accès au réel que l'image. Si on
l'oublie, il est difficile de penser l'inconscient qui est fait de
pensées. note : le rapport "signifiant" / "signifié" et le glissement du signifiant qui peut prendre plusieurs signification semble un concept proche de celui de "monde réel" / "Monde des Possibles". De ce point de vue, il est intéressant de voir que pour Lacan, le signifié n'est pas premier. De même, le réel n'est peut être pas premier ?
- L'inconscient est structuré comme un langage. A partir du moment où on s'aperçoit que çà "parle" tout seul, qu'il n'est pas nécessaire d'être acteur, çà change tout. Mais "l'inconscient ne connait pas le principe de contradiction" (Freud), ce qui ne veut pas dire qu'il ne relève pas de la logique.
- C'est donc la personne en demande dans l'analyse (ou son inconscient) qui est l'élément actif : Lacan l'a nommé "l'analysant". L'analyste le laisse parler et "se fait consommer". Ce qui est refoulé est de l'ordre du signifiant. Mais Freud explique que l'affect (l'émotion) n'est au contraire pas refoulée.
- Cà se voit mieux dans les rêves où la parole fonctionne toute seule : le rêve est fait comme une phrase de demande, d'un Wunsch (voeux, désir. Ce mot en lui même est difficile à traduire en français, le wunsch est un évènement ponctuel, un "acte", (une sorte d'unité "motrice" minimale de la psyché) qui n'est pas de tout repos car il fait travailler l'inconscient. cf Kornobis)
- En disant certaines choses (le rêve, les actes manqués, le mot d'esprit...) on en dit plus qu'on ne sait. L'interprétation des rêves, de la "psychopathologie de la vie quotidienne" ou des mots d'esprits permet de faire apparaitre le signifiant : "Il suffit d'analyser un rêve pour voir qu'il ne s'agit que de signifiant", mais "il n'y a pas de signifiant dont la signification serait assurée : elle peut toujours être autre chose". Il a donc plusieurs rapports entre le signifiant et le signifié (plusieurs significations). Freud a montré qu'il y a un autre savoir que l'on peut faire apparaitre en faisant parler les gens ; et ce qu'il y a d'étrange c'est que çà a beaucoup de rapport avec l'amour. Pourtant Freud n'a jamais parlé du rapport entre l'amour et le savoir qu'est l'inconscient.
Le discours
La subjectivité de la science : créer un discours qui se tient
- Pour Aristote, la théorie est la façon de contempler le monde. Le monde contemplable est supposé être univers et on peut peut-être arriver à s'y égaler en le contemplant.
- Pourtant, la science n'est pas aussi "objective" que l'a décrite plus tard Descarte. La démarche scientifique, consiste à établir des formules mathématiques signifiantes pure , mais se refuser à ce que ce soit pour signifier. "Moins elles signifient quelque chose, plus nous pouvons les ranger dans le point de vue scientifique". Les lois sont là pour aboutir à un certain point. En cela la science est finaliste. "L'idée même de la conservation d'énergie est une idée finaliste, celle aussi de l'entropie puisque justement ce qu'elle montre, c'est vers quel frein çà va, et çà va nécessairement". "Si on dit aujourd'hui qu'il n'y a pas de finalisme c'est parce que la science a changée".
- "Descartes à fait décoller le sens qui est donné couramment au
subjectif et à l'objectif : le subjectif est quelques chose que nous
rencontrons dans le réel. Non pas que le subjectif soit donné pour
"réel" au sens où nous l'entendons habituellement, c'est à dire qui
implique l'objectivité : la confusion est sans cesse faite dans les
écrits analytiques." Que le subjectif apparaisse dans le réel signifie
qu'un sujet est capable "de se servir du jeu des signifiants non pas
pour signifier quelque chose, mais précisémment pour nous tromper sur
ce qu'il y a à signifier".note : dans la science, l'observateur ne peut pas être en dehors du monde qu'il observe contrairement à ce que voudrait une science "objective". Il introduit donc des éléments non objectifs en fonction de sa culture, de ses croyances, etc.
- La science est une pratique du discours qui se tienne. Lacan a cherché une compréhension du discours, ou plutôt des discours.
Les 4 types de discours
Le discours est ce qui fait fonction de lien social (dans ce qui peut se produire par l'existence du langage). les différents types de discours peuvent se décrire à partir de 4 éléments.Il faut au moins deux signifiants : le signifiant maître représente un sujet pour l'autre signifiant. mais il y a toute une part des effets du signifiant qui échappe totalement à ce que nous appelons couramment le sujet.
- S1, le signifiant maître qui commande à S2.
- S2, le signifiant qui vient après dans le discours. C'est le savoir
- l'objet a, le vrai support de ce que nous voyons fonctionner pour spécifier chacun dans son désir (le "catalogue des pulsions"). C'est le "plus-de-jouir", la cause du désir (a est l'initiale de autre). La cause du désir est toujours un peu à coté de ce que l'on croit viser. Quelqu'un qui nait entre dans la réalité à titre de "a" : le désir de ses parents.
- $, le sujet capable de se "servir du jeu des signifiants non pas pour signifier quelque chose mais pour nous tromper sur ce qu'il y a à signifier"
Il y a fondamentalement 4 discours (du Maître, de l'Université, de l'Hystérique et de l'Analyste). Le discours s'articule autour d'une "mise au travail" de l'"agent" (c'est ce que l'on croit faire). Mais il y a une "impuissance" qui sépare le produit du discours de la vérité (ce qui est insu).
Quelques remarques :
- Le discours capitaliste est le substitut du discours du maître : Il y a juste une inversion entre le signifiant maître S1 et le sujet $. "C'est follement astucieux". Il a été inventé par Marx. Tout ce dont il s'agit dans le discours c'est uniquement la plus-value. La plus-value c'est la forme scientifique du "plus-de-jouir". L'exploitation du désir est la grande invention du discours capitaliste. "On ne pouvait rien faire de mieux pour que les gens se tiennent un peu tranquilles, et d'ailleurs on a obtenu le résultat. C'est beaucoup plus fort qu'on ne le croit. Heureusement qu'il y a la bêtise qui va peut-être tout foutre en l'air".
- Freud fait la distinction entre : la source (Quelle), la poussée (Drang), le but (Ziel) et l'objet (Objekt) (le contour n'est nul part perceptible mais seulement constructible logiquement, c'est une topologie )
- Lacan ne fait pas une théorie. Il n'a pas une nouvelle conception de l'homme car il ne fait pas un discours du maître, de l'universitaire ou de l'hystérique : il fait un discours psychanalytique.
L'imaginaire, le symbolique et le réel : le noeud borroméen
- "Le réel, par la science, s'est mis à foisonner. Le réel est
devenu une présence qu'il n'y avait pas avant, à cause du fait qu'on
s'est mis à fabriquer un tas d'appareils qui nous dominent". le réel
nous écrase. "Les taoistes ont interdit même l'usage de la cuillère,
ils l'ont interdit au nom de la vie".
- "Toute l'évolution philosophique, pour qu'elle ait pu aboutir à cette extravagante opposition du réalisme et de l'idéalisme, montre bien que le réel n'est pas facile à trouver". On cherche "un certain réel, et pas n'importe lequel : un réel qui est mesurable, qui est quantifiable dont le ressort est en fin de compte le nombre" (voir aussi la spécificité du nombre 2 dans "un deux beaucoup".
- Sans la référence à l'imaginaire, il y un tas de choses qui ne fonctionneraient pas dans le réel. L'imaginaire fonctionne dans le réel (voir par exemple l'impact des mondes virtuels dans le monde réel : rencontres, etc.)
- La distinction entre l'imaginaire et le symbolique (lalangue et non le symbole) est très important dans la fonction analytique.
- La pratique analytique repose sur la distinction entre :
- La langue que l'on parle (le symbolique)
- le réel dont nous sommes encombrés
- Le fait que l'homme imagine. c'est cela qui supporte sa vie
- Le réel, l'imaginaire et le symbolique sont liés : l'un des trois lie les deux autres comme dans le noeud Borroméen.
Rubrique : de tout un peu
Par J-M Cornu | Avant | 26/12/2004 09:07 | Après | De tout un peu | 2 commentaires | Lu 37809 fois |
par DUFOUR, le Vendredi 16 Juin 2006, 21:02
Répondre à ce commentaireEntendre les mots qui disent les maux
Livre du docteur Christian Dufour
Juin 2006 Editions du Dauphin
Bonjour,
Lacan fut un grand Monsieur de la Psychanalyse, mais il n'est pas allé jusqu'au bout de son étude du signifiant. Prisonnier de son savoir linguistique saussurien, il n'a jamais oser franchir la barre signifié/signifiant. Il n'a vu que le jeu des signifiants sous la barre sans comprendre qu'il existe des unités inconscientes référent/signifié/signifiant qui construisent tous nos mots.
L’expérience psychanalytique de Lacan découvre qu’il n’y a pas d’inconscient sans langage et que ‘‘l’inconscient est structuré comme un langage”. Mais il n’est pas toujours facile de suivre les arcanes alambiquées du style lacanien. D’après lui, la discipline linguistique tient «dans le moment constituant de l’algorythme S/s, signifiant sur signifié, le sur répondant à la barre qui en sépare les deux étapes».
Pour reprendre le mot arbre, Lacan affirme que « ce n’est pas seulement à la faveur du fait que le mot barre est son anagramme, qu’il franchit celle de l’algorythme saussurien. Car décomposé dans le double spectre de ses voyelles et de ses consonnes, il appelle avec le robre et le platane les significations dont il se charge sous notre flore, de force et de majesté». Il semble que Lacan, même s’il n’en tire aucune conclusion linguistique, ait bien perçu que le signifié arbre était spécifique au français et renvoyait à des référents habituels de la flore de France, ce qui aurait dû le conduire à évoquer la variabilité systématique du signifié en fonction des langues. Mais, et c’est à la fois amusant et défoulant de le souligner, quand il attribue majesté et force au signifié arbre français, il définit, à son insu, le sens inconscient du codon ar inaugurant le mot arbre qui, comme énoncé dans un chapitre précédent, marque la prééminence, le sommet ou la menace !
Pour Lacan, le signifiant prime sur le signifié. Ce franchissement de la barre entre signifié et signifiant se ferait pour lui par le jeu des signifiants entre eux, chez chaque individu, avec un glissement incessant du signifié sous le signifiant qui s’effectue en psychanalyse par les formules de la métonymie et de la métaphore, qu’il nomme « lois du langage » de l’inconscient.
1) La métonymie qui « rend compte du déplacement dans l’inconscient », est une figure de style où l’on exprime un signifié au moyen d’un signifiant désignant un autre signifié qui lui est uni par une relation nécessaire : la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, la partie prise pour le tout, comme boire un verre (pour le vin qu’il contient), la voile pour le bateau. La métonymie, si originale soit-elle, s'appuie sur un rapport de contiguïté qui est donc toujours donné par la langue elle-même. Ainsi le signifiant arbre cacherait une forêt de signifiés, ce qui au départ dépend de la richesse des champs sémantiques de chaque individu. Nous rangeons les mots dans des « tiroirs » par classe sémantique : monde vivant / végétaux / forêt / arbre / chêne / branche / bois / lignite... Certes le mot bois, la matière ligneuse de l’arbre, dérive par métonymie du bois, espace couvert d’arbres, la matière étant prise pour l’ensemble, mais cela n’explique absolument pas pourquoi c’est cette partie-là et, seulement celle-là, qui est apte à la métonymie. Pourquoi branches ou feuilles ne représentent pas le bois ? Cette métonymie ne s’explique pas en anglais où la matière du bois se dit timber et le bois (forêt) wood. Il y a bien dans la matière du signifiant des messages précis qui résonnent, mais Lacan n’a pas détecté sous l’écorce phonique du signifiant sa substantifique moelle. Il serait dommage (en l’exprimant avec un peu d’humour) que l’histoire de la psychanalyse mondiale, ne le retienne que comme un rejeton, une petite branche sans défense, greffée sur la souche freudienne.
2) « La langue latine étant la vieille souche, c’était un de ses rejetons qui devait fleurir en Europe ». Cette métaphore d’Antoine Rivarol introduit la seconde figure de style par laquelle Lacan entend le jeu et la fonction des signifiants : « La formule de la métaphore rend compte de la condensation dans l’inconscient ». Un mot pour un autre, un mot concret pour un mot abstrait, un transfert de sens par substitution analogique, telle est la définition de la métaphore, figure de style plus fréquente et plus apte à la poésie. La racine du mal, l’arbre de la connaissance, la forêt de symboles, le jardin de la paresse, l’écheveau du temps, l’automne des idées, les fleurs du Mal de Baudelaire sont des métaphores. Le mélange signifié concret/abstrait ne nuit pas à la compréhension. Pourquoi ? Où se situe l’analogie ? Ne s’agit-il que d’images globales ou de relations entre certaines parties des signifiants ? Quand on regarde d’un peu plus près deux exemples de métaphores de Baudelaire, le vin du souvenir et l’alcôve des souvenirs, on peut noter que le verbe souvenir au passé simple se dit souvint rimant avec le signifiant vin, dont l’abus fait devenir saôul. Le signifiant alcôve, proche phonétiquement d’alcool, rappelle ce vin, d’autant plus qu’il porte cette lettre v (vin, vendange, vigne, viticulture) et rappelle par son codon al le Mal des Fleurs. Vals(e) alambiquée (hic!) des signifiants ! Pourquoi l'alcoolique se versa-t-il un dernier verre de vin, qu'il vida, cul sec et l’œil humide ? Faut-il être devin pour concevoir qu'il avale d'un trait avide ses gros maux ? Comment ne pas entendre dans le flot des mots que, soudain volubile, il déverse et vomit, la motivation réelle de ses maux ? Arbitraires les lettres ? Si l'on visualise le V de haut en bas, n'est-il pas une sorte d'entonnoir, une figure symbolique du verre, du vase ou du pot ? Les eaux minérales qui se boivent au verre viennent-elles de Vichy, Vittel, Volvic, Evian par hasard et l'eau de vie de Russie se nomme t-elle par convention la vodka avec od de l'onde ? Le Saint Patron des Vignerons se nomme t-il Vincent par pure convention ? In vino veritas, dit le dicton latin.
« Un soir l'âme du vin chantait dans les bouteilles
Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité! » Charles Baudelaire
Comme l’écrit Lacan, à juste titre, « l’inconscient ne connaît que les éléments du signifiant », il « est une chaîne de signifiants qui se répète et insiste ». Lacan relève le mode selon lequel l’inconscient opère, ainsi que Freud l’avait décelé par la production de condensations et de déplacements le long des mots « sans tenir compte du signifié ou des limites acoustiques des syllabes ». En reprenant l’oeuvre de Freud et en la recentrant sur le langage, Lacan va plus loin, il affirme qu’au commencement était la chaîne des signifiants, un “signifiant préséant au signifié”, dont “la structure commande les voies du réseau du signifié”. « Le mot n’est pas signe mais noeud de signification », qu’il aurait dû dénouer, puisque l’analyse est étymologiquement l’art de les délier les noeuds ! Il explique que « noeud veut dire la division qu'engendre le signifiant dans le sujet... divisé par le langage », il affirme de façon répétée que « l’inconscient a la structure radicale du langage » qui lui-même « implique l’inconscient », qu’il en “est la condition”. En résumant, Lacan nous dit que “l’inconscient est un langage”, constitué des éléments du signifiant, préexistant au signifié. Il va jusqu’à avancer que “l'inconscient est pure affaire de lettre, et comme tel, à lire”. « Nous désignons par lettre ce support matériel que le discours concret emprunte au langage... Ce support matériel ne se réduit pas aux lettres de notre alphabet, qui ne sont jamais qu'un des modes ». Avec le risque, comme dit Lacan, d'apprendre en s'alphabêtissant. « Tout découpage du matériau signifiant en unités, qu'elles soient d'ordre phonique, graphique, gestuel ou tactile, est d'ordre littéral. Si toute séquence signifiante est une séquence de lettres, en revanche, pas toute séquence de lettres est une séquence signifiante ».
Voilà, Lacan est parvenu à définir les caractéristiques du langage de l’inconscient, jusqu’à préciser qu’il existe des unités faites de séquences de lettres dont certaines sont signifiante et d’autres non, mais il n’est pas parvenu à découvrir le véritable code. Pourquoi le sens systématique de certaines séquences répétées du signifiant lui a échappé ? Trop intelligent pour découvrir un code finalement relativement simple, peut-être ? Il écrit que le sujet est divisé par le langage mais ne poursuit pas sa logique en ne comprenant pas que cette division est due à l’existence de deux langages, un conscient et un inconscient, le second étant préséant au premier. Trop conditionné sans aucun doute par une remarquable formation linguistique, il n’ose franchir la barre signifiant/signifié, il ne transgresse pas l’enseignement de ses amis linguistes et au contraire leur prête main forte et, alors, se fourvoie : « le signifiant existe en dehors de toute signification, il n’a pas fonction de représenter le signifié ». S’il écrit que « la science dont relève l’inconscient est la linguistique », il ne peut pas s’agir de la linguistique conventionnelle saussurienne qui ne s’intéresse qu’à la partie secondaire du langage, sa partie émergée consciente. D’ailleurs Lacan énonce que la nature du langage de l’inconscient ne concerne pas le découpage de la chaîne en fonction d’un signifié qui toujours et sans cesse se dérobe, mais en fonction des propriétés de la chaîne signifiante elle-même. Même intelligents, nous sommes bornés par le Savoir que nous avons acquis par apprentissage et dont la mémorisation conditionne notre logique de pensée. Ce savoir n’est jamais qu’un “voir ça”, qu’une vision pré-établie qui nous aveugle.
à suivre et à discuter....
Commentaires
2 - La non tranfgression linguistique de Lacanpar DUFOUR, le Vendredi 16 Juin 2006, 21:02 Répondre à ce commentaire