4.5 La coordination
Livre "la coopération, nouvelles approches" version 1.0
Le grand jour !
Vous avez un projet et celui-ci est suffisamment avancé pour que des contributeurs puissent s'y intéresser. Vous avez défini les règles du jeu et adapté votre projet pour que celui-ci puisse bénéficier au mieux des lois de la coopération. Vous avez vos premières personnes intéressées pour tester ou mieux contribuer à votre projet. Tout est prêt pour le grand jour : vous allez pouvoir ouvrir votre projet à la coopération !
Vous entrez dans une nouvelle phase où vous allez devoir
- Faire en sorte d'avoir l'environnement le plus favorable possible
- Avoir une communauté attirante
- Adapter continuellement le projet
- Faciliter les contributions et ensuite les intégrer
- Encourager les mécanismes de contreparties
Nous avons déjà rencontré ces 5 tâches du coordinateur lorsque nous avons cherché à définir les règles du jeu. Celles-ci vont nous servir de base pour construire nos outils de coordination au quotidien.
Préserver un environnement favorable
Nous avons vu qu'un des aspects de l'art du coordinateur était de trouver l'abondance là où elle était parfois peu évidente, de la préserver et de veiller à ce qu'elle soit bien répartie. Mais nous avons également vu que l'environnement changeait continuellement. Posez-vous à chaque instant la question suivante : Votre environnement ne devient-il pas moins favorable ? Ou au contraire avez-vous une opportunité de rendre l'environnement plus favorable à votre projet ou votre projet plus favorable à l'environnement ?
Pensez-y en permanence, rêvez en la nuit et vous trouverez des trésors cachés là où vous vous y attendez le moins. Ceux-ci seront bien utiles pour favoriser votre projet.
Une question pour maîtriser son environnement |
Comment avoir la matière de base du projet en abondance ? Même question sur le temps de maturation et la sécurité matérielle |
Avoir une communauté attirante
Animer une communauté est un peu comme composer un morceau de musique : On trouve au sein du même morceau des rythmes lents et rapides avec parfois des brisures de rythmes. Les harmonies peuvent être très variées. La mélodie se met en place avec des thèmes qui reviennent régulièrement (les refrains dans les chansons) et des développements qui construisent une progression. Tout un art !
Pour s'aider, le musicien écrit ses notes sur des partitions. Nous pourrons également utiliser quelques documents de base pour mieux suivre la vie de notre communauté. Ces documents font partie des tâches critiques et il vaut mieux en conserver la maîtrise de la mise à jour.
L'un des documents clés est l'historique. Ce document conserve la trace des diverses contributions intégrées au projet. Il est fondamental pour favoriser l'estime à l'intérieur et à l'extérieur du groupe. Puisqu’un contributeur n'a pas de tâche critique, il ne peut qu’apporter des plus ou au pire des contributions inutiles. L’historique ne reflète donc que des contributions positives. Les aspects positifs ou négatifs de la vie de la communauté ne sont pas inclus dans l'historique qui se concentre uniquement sur les résultats obtenus par le projet. Eric S. Raymond [RAY2] présente comme le plus grand crime qui puisse exister, le fait de retirer quelqu’un d’un historique.
Les sept règles du jeu que nous avons proposées pour une communauté ouverte et équilibrée peuvent être suivies efficacement en maintenant quelques documents de base et en se posant continuellement plusieurs questions. Créer et maintenir ces documents peut sembler un travail supplémentaire. Peu de personnes sont conscientes qu'il s'agit au contraire du meilleur investissement en temps pour un coordinateur. Avec très peu temps consacré à leur mise à jour, il évite de nombreuses dérives qui consomment ensuite un temps considérable pour redresser la barre.
Cinq outils de pilotage et trois questions pour gérer sa communauté |
Il y a cinq documents dont le coordinateur doit conserver la maîtrise et qu'il doit suivre très régulièrement pour faciliter la gestion de sa communauté :
Les trois questions à se poser continuellement sur sa communauté sont :
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Quelle est la maturité de votre communauté ?
Il existe une autre question importante à se poser régulièrement sur sa communauté : Quel est son degré de maturité ? Contrairement à ce qui se passe trop souvent, chaque étape de la vie d'une communauté ne doit pas être gérée de la même façon. Il est donc critique de bien connaître et comprendre les différents stades de maturité d'un groupe.
Nous avons vu qu'un groupe commençait par une phase de préparation plus fermée qui doit permettre au coordinateur d'offrir un projet suffisamment définit dès le départ. Il doit ensuite construire son identité pour développer le sentiment d'appartenance et de confiance au sein de la communauté. Il doit ensuite rassembler ses membres autour d'un travail commun sans être dépendant d'aucun d'entre eux (y compris le coordinateur lui-même qui peut passer la main). De même, le groupe doit préserver son identité et ses objectifs tout en s'ouvrant à d'autres groupes, à de nouveaux membres ou à de nouveaux contributeurs.
L'encadré ci-dessous sert à identifier le niveau de maturité d'un groupe. Lorsqu'il arrive à un certain niveau, il doit remplir les critères de tous les niveaux précédents.
Les degrés de maturité d'un groupe |
0) Phase de Préparation 0.1 Idée définie et écrite dans un texte court 0.2 Première concrétisation du projet par le futur coordinateur 0.3 Identification de la façon de présenter le projet en fonction de la cible 1) Mise en place de l'identité de la communauté 1.1 Acceptation par les premiers membres d'une charte du groupe et d'un plan de travail 1.2 Des valeurs et un langage commun 1.3 Premiers résultats d'un travail commun Lorsque la communauté est constituée, deux aspects différents de maturité peuvent se développer en parallèle, à leur vitesse propre. A) Développement des Contributions A.1 Les contributions viennent de plusieurs personnes et pas seulement du coordinateur A.2 Des personnes prennent en charge des parties du projet et impliquent d'autres contributeurs A.3 Des sous-projets apparaissent B) Indépendance du projet vis-à-vis de ses membres B.1 Liens avec d'autres groupes B.2 L'identité de la communauté est préservée lors de l'arrivée de nouveaux utilisateurs et contributeurs B.3 L'identité de la communauté est préservée lors de changements de contributeurs majeurs ou de coordinateur |
Adapter continuellement le projet
Plutôt que de figer le choix de ce qui doit être réalisé avant le début du projet comme c’est souvent le cas, la coordination de projets coopératifs se fait par opportunités. Le coordinateur définit uniquement les grandes orientations et l’esprit qu’il souhaite donner.
Le coordinateur redéfini le projet à chaque instant. Il doit cependant garantir sa cohérence tout en minimisant les contraintes et maximisant les opportunités. Si une évolution du projet va naturellement chercher à mieux l'adapter à la situation ou à saisir de nouvelles opportunités, il ne faut pas oublier d'autres aspects : Ne pas ajouter de nouvelles contraintes et le garder simple à comprendre.
Trois questions pour adapter son projet |
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Intégrer les contributions
La mise à jour du projet permet d’intégrer les corrections et améliorations proposées (et éventuellement d’en proposer soit même...).
Vous devrez choisir d'intégrer ou non les contributions que l'on vous fournira. Même si une contribution n'est pas sollicitée et sort de ce que vous attendiez a priori, sachez voir si elle peut apporter un plus et si vous pouvez l'intégrer de façon cohérente. Par ailleurs, il vous faudra aussi savoir distinguer les vrais contributions des simples affirmations de position que vous ne pourrez pas intégrer.
Trois questions pour intégrer les contributions |
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Encourager les contreparties
Pour gérer l’équipe de contributeurs, le coordinateur doit avoir un rôle de facilitateur. Pour cela, il doit d’une part être très à l’écoute de ses utilisateurs, ensuite être très attentif à la reconnaissance individuelle et au plaisir des contributeurs, et finalement proposer une satisfaction collective par une vue constante des améliorations.
Comme nous l'avons vu précédemment, le rôle du coordinateur n'est pas d'apporter directement la reconnaissance aux contributeurs, mais de veiller à ce que les mécanismes de contreparties tels que l'estime se mettent bien en place dans le groupe.
Deux questions pour que chacun y trouve son compte |
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Pour gérer au quotidien son projet, le coordinateur dispose d'outils précieux : Un ensemble de documents de pilotage à mettre à jour régulièrement
Une liste de douze questions à se poser continuellement :
Une grille pour mieux connaître l'état de maturité de son groupe et s'y adapter
Les étapes suivantes se déroulent en parallèle à leur vitesse propre :
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#cooperation28 Livre sur la coopération
Par J-M Cornu | Avant | 24/12/2004 11:32 | Après | Coopération | aucun commentaire | Lu 6387 fois |