Ce document présente différents aspects d'une gestion de projet basée sur la coopération volontaire.

Nous définirons dans un premier temps les règles de base qui facilitent la mise en place de la de la coopération. Puis nous examinerons différentes conséquences organisationnelles, économiques et juridiques. La troisième partie est un guide à destination de ceux qui souhaitent mettre en place des projets basés sur la coopération.

" Kambé hinka noga caré nyum ",
" Seules les deux mains peuvent se laver parfaitement "
proverbe Zarma

Nous assistons à la mise en place progressive d’une société basée sur l’information.

Lors du passage de l’ère agraire, à l’ère industrielle, les champs et l’agriculture n’ont pas disparu pour autant. Mais l’industrie a apporté avec elle de profondes modifications dans plusieurs domaines. Ce fut le cas par exemple de l’émergence du travail salarié. On peut parier que l’entrée dans ce que l’on appelle la société de l’information ne tuera pas l’industrie ni même l’agriculture, mais apportera de nouvelles règles qui s’appliqueront à un nombre croissant de personnes.

L'information immatérielle devient la nouvelle base de la société. Le savoir et la connaissance constituent une richesse de tout premier plan. Quelles sont les particularités de la production collective de ces nouveaux biens immatériels par rapport à la production des biens matériels consommables sur lesquels nous nous sommes concentrés jusqu'à présent ? Derrière cette question se profilent de nouvelles méthodes de gestion de projet et de nouveaux modèles économiques.

Une des premières conséquences observables de cette société de l'information est que l'environnement est devenu bien plus changeant qu'il ne l'a été pendant les siècles qui nous ont précédés. Ce nouvel environnement mouvant perturbe les organisations que l'on a crues immuables. Il permet également de rendre possible de nouveaux types d'organisation.

Pouvons-nous alors oser imaginer prétendre à des organisations basées sur la coopération volontaire plutôt que sur le pouvoir de contrainte ? Si une telle chose est réaliste, alors l'implication des participants devient sans commune mesure avec la simple mobilisation d'exécutants non impliqués. La production du groupe peut s'en voir démultipliée en quantité et en qualité. De nouvelles possibilités s'ouvrent.

Certaines communautés ont réussi à mettre sur pied une telle coopération, mais bien souvent le porteur de projet se désespère devant le manque de réaction de ses partenaires. Imposer la coopération est un paradoxe qui mène à l'échec. Existe-t-il des "lois de la coopération" qui augmenteraient les chances d'une telle entreprise ?

La production de logiciels libres est un excellent exemple des possibilités offertes par la coopération en réseau. De tels logiciels fournissent tous les moyens aux utilisateurs qui le souhaitent pour suggérer des modifications mais également pour les faire eux-mêmes et les apporter à la collectivité. Cet article doit énormément à Eric S. Raymond qui a produit une analyse très approfondie des méthodes qui se sont développées dans le logiciel libre dans trois textes fondateurs : La cathédrale et le Bazar [RAY1], A la conquête de la noosphère [RAY2] et le chaudron magique [RAY3].

J’ai d’abord essayé d’appliquer ces principes dans le domaine à priori très différent des contenus audiovisuels. L’association Vidéon [VID] a ainsi mis en place une banque de programmes audiovisuels en ligne libres de droits pour aider à l’émergence de télévisions de proximités réalisées par les habitants des quartiers et des villages. Les mêmes principes de gestion de projets distribués et libres ont été appliqués par la coordination mondiale de l’Internet Fiesta 2000 [INT] pour la fourniture de services aux 67 comités d’organisation de la fête de l’Internet dans le monde, avec 15 langues de travail et des programmes diffusés en 30 langues.

Cet article est une première tentative pour analyser si les méthodes qui ont fait le succès du logiciel libre sont applicables à des domaines très différents. L’approche étant nouvelle, de nombreux points sont encore à approfondir ou parfois même erronés. Mon objectif en mettant ce texte libre de droit à la disposition de tous est de susciter la réflexion sur ces points. J’espère ainsi apporter une pierre à de nouvelles approches qui pourraient compléter avec bonheur les méthodes plus traditionnelles.

Livre sur la

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