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Les télévisions sur IP : de la télévision sur Adsl à la télévision sur l'internet

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Paru le 20/01/2004 sur http://www.fing.org/

Sommaire
La télévision sur Adsl
La télévision sur l'internet
La télévision sur l'internet par Adsl
Vers de nouvelles télévisions ?

L'IP est partout ! L'année 2004 devrait voir l'essor de nouvelles formes de diffusion TV utilisant les protocoles internet (télévision sur IP). Tout a commencé de changer fin 2003 à l'occasion du lancement des premières offres de télévision sur Adsl (Asymmetrical Digital Subscriber Line). Mais attention à ne pas tout confondre ! Il est important de distinguer deux grands types de "TV sur IP" : la télévision sur Adsl et la télévision sur l'internet.

La télévision sur Adsl

Le premier mode de diffusion, appelé TV sur Adsl est présenté dans le dossier de ce numéro. Dans ce cas, la même ligne téléphonique sert de support à 3 canaux distincts. Le premier, qui nécessite la plus petite bande passante, transporte le téléphone. Il s'agit du "canal historique", le mode de communication pour lequel la ligne téléphonique a en général été construite. Son débit est faible mais dans les deux sens. Il y a quelques années, les ingénieurs ont réussit à faire passer un deuxième signal totalement indépendant destiné aux données et relié au réseau des réseaux, l'internet. Le standard utilisé est maintenant bien connu, il s'agit d'Adsl. Sa bande passante à été augmentée progressivement, mais elle reste limitée à un peu plus de 2 mb/s en descente et 256 kb/s en montée - du moins lorsqu'il faut laisser de la place pour le troisième canal. Celui-ci, de mise au point plus récente, permet de transmettre un signal de télévision à un débit de 3 à 4 mb/s uniquement en réception. Ce signal peut être d'une qualité équivalente aux chaînes diffusées par satellite qui utilisent le même format d'encodage (Mpeg-2) avec la même bande passante. C'est le choix qu'ont fait Free ou encore France Télécom et TPS (offre MaligneTV + TPS-L). Ldcom et Cegetel devraient suivre.

Le fait qu'un seul signal télé passe dans ce canal dédié n'empêche pas de bénéficier d'un bouquet complet comportant de nombreuses chaînes de télévision. Il suffit d'acheminer l'ensemble des chaînes uniquement jusqu'aux équipements pour les données (Dslam, Digital Subscriber Line Access Multiplexor) qui peuvent être placés dans les répartiteurs téléphoniques – le dernier maillon avant l'abonné – et de n'envoyer ensuite dans sa ligne téléphonique que la chaîne de télévision sélectionnée par l'utilisateur. Bien sûr, cette astuce ne permet pas de regarder deux programmes différents sur deux postes de télévision différents, ni d'enregistrer un programme tout en regardant un autre. Toutefois, on peut penser que l'augmentation des débits et l'amélioration des techniques de compression vidéo permettront bientôt de transmettre simultanément deux ou trois canaux de télévision.

La ligne Adsl dispose donc de trois canaux totalement étanches entre eux (téléphonie, internet et télévision). Un boîtier situé chez l'utilisateur permet de séparer les trois signaux pour brancher séparément son téléphone, son ordinateur et sa télévision. Il s'agit donc bien de trois canaux différents de communication passant sur le même support physique.

S'agissant de la télévision, le "troisième canal" est principalement descendant. Il dispose cependant d'une petite voie de retour destinée à envoyer certaines informations aux équipements placés dans le répartiteur téléphonique, par exemple le numéro de la chaîne que l'on désire regarder. Il devient donc possible d'imaginer de nouveaux services et usages utilisant cette voie de retour pour l'interactivité (enregistrement d'une émission au niveau du Dslam ou chez le fournisseur d'accès plutôt que chez soi ; vote en ligne, services complémentaires, etc.). Nous sommes cependant dans une approche classique de diffusion d'un bouquet de chaînes : un fournisseur choisit un ensemble de chaînes de télévision qu'il propose à ses abonnés.

La télévision sur l'internet

La télévision sur l'internet, au contraire, permet à l'utilisateur d'aller chercher toute émission en direct ou en différé accessible sur le réseau des réseaux. Le téléspectateur n'est plus limité aux chaînes du bouquet auquel il s'est abonné ; il accède à toutes les chaînes diffusées sur l'internet, dans n'importe quel pays. Cette fois, le flux vidéo ne passe pas dans un canal séparé mais directement avec les autres données transitant sur l'internet.
Les premières télévisions internet devaient s'adapter au faible débit dont disposaient la plupart des internautes. Ce fut le cas pour le pionnier français , aujourd'hui disparu, dont le fondateur Jacques Rosselin préférait parler de « radio avec des images ». L'explosion de l'Adsl, l'évolution du câble et l'arrivée de technologies alternatives permettent aujourd'hui à plus de 3 millions de foyers français de bénéficier d'un débit en réception d'au moins 512 kb/s. Les techniques de compression ont également fait des progrès : il est possible aujourd'hui de suivre une émission sur le net avec une qualité sonore et visuelle acceptable, à condition de se limiter à un quart d'écran. Plate-forme TV (http://www.plateformetv.net) et le centre de ressources de Vidéon pour les télévisions de proximité et les Espaces Culture Multimédia (http://www.videontv.org) diffusent plusieurs de ces télévisions internet.

Mais l'évolution continue. En France, la communauté d'agglomération de Pau Pyrénées ouvrira le 13 avril prochain son réseau très haut débit, entre 10 et 100 mb/s. Cette fois, sur le canal physique à haut débit, il n'y a plus qu'un seul canal de données : tous les signaux circulent ensemble, sous le protocole IP. L'opérateur du réseau métropolitain, Sagem, est neutre vis-à-vis des services, permettant à plusieurs fournisseurs d'offrir des services sur ce réseau. A l'ouverture, un premier fournisseur de services sera présent, IPvset (http://www.ipvset.com) avec une offre dite "triple play" comprenant téléphone, internet et télévision (voir http://www.fing.org/index.php?num=4289,2) .

L'intégration des trois médias permet d'aller plus loin, comme le montre le projet de "canal local" d'IPvset. Accessible aussi bien sur ordinateur que sur un téléviseur, cette chaîne un peu particulière ressemble plus à une page personnelle ou au menu d'un DVD. Il est ainsi possible d'accéder, soit à des programmes préenregistrés à la carte (vie pratique, découverte…), soit à des directs annoncés sur la page : des émissions généralistes quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles ; des directs événementiels ; ou bien des programmes participatifs produits par des associations locales. Il ne s'agit plus d'une télévision de flux qui remplit un canal de diffusion, mais d'une "télévision de rendez-vous" : un peu comme une salle de réunion que l'on réserve en fixant une heure de début et une heure approximative de fin, sans forcément devoir formater la durée de manière très précise dans le but d'enchaîner parfaitement chaque utilisation. A Pau, c'est un des deux " PlatO TV" (fixe ou mobile) qu'il faut réserver. Le très haut débit permet même d'imaginer deux émissions en direct sur ce même canal local. Les associations qui utilisent les moyens de production et de diffusion mis à leur disposition constituent de véritable télévisions responsables de leur programme éditorial, même si elles ne choisissent de diffuser que deux ou trois fois par an. Elles rejoignent en cela les télévisions participatives de proximité (une centaine en France) dont plusieurs se sont rassemblées au sein des Vidéos des Pays et des Quartiers (http://www.vdpq.org) avec des modes de diffusion extrêmement variés à défaut d'avoir un réseau à très haut débit dans tous les quartiers des villes et pays ruraux.
A ce propos, la société MDS (http://www.mds.fr) a lancé une autre forme de télévision sur internet, diffusant à l'aide de la technologie Wadsl (http://www.wadsl.com) un bouquet de télévisions au format Mpeg-4 dans les petites communes de l'Ardèche. La voie de retour emprunte la ligne téléphonique classique, mais elle existe.

La télévision sur l'internet par Adsl

Mais la technologie Adsl offre également des possibilités pour la télévision sur l'internet. Contrairement à la "télévision sur Adsl", il ne s'agit pas de placer la télévision sur un canal spécifique, mais au contraire de bénéficier de toute la bande passante disponible pour passer indifféremment la vidéo et les données. La norme Adsl prévoit 8 mb/s en voie descendante (en fait plutôt 5,5 mb/s utiles) qui n'avaient pas été utilisés jusque là en France (voir l'exemple d'autres pays dans http://www.fing.org/index.php?num=3985,2). Ainsi, il est possible d'offrir des débits bien plus importants que les offres Adsl actuelles, offrant la place à des données consommatrices de bande passante comme la télévision. Le dégroupage total qui permet également de récupérer le canal normalement dédié à la téléphonie permet d'augmenter encore un peu ce débit (en particulier pour la voie montante qui est le parent pauvre de l'Adsl). L'Adsl n'a pas encore fini d'évoluer avec l'arrivée de l'Adsl 2 (10 mb/s théorique ou 8 mb/s utiles) et de l'Adsl 2+ (20 mb/s théoriques ou 16 mb/s utiles). Le Japon teste actuellement des débits de 40 mb/s et prévoit même du 100 mb/s, toujours sur la ligne téléphonique habituelle. Il faut ajouter à cela les progrès des normes de compression. Un nouveau type de codage Mpeg-4 (appelé Mpeg-4 part 10, H264 ou AVC) permet d'obtenir une qualité similaire à la télévision par satellite avec seulement 1 mb/s.

La difficulté pour la télévision sur l'internet ne se situe pas là où l'on pense : dans la grande majorité des agglomérations, la ligne téléphonique qui relie le foyer au central téléphonique dispose de la bande passante suffisante. Il faut surtout éviter les encombrements du réseau entre le serveur de streaming vidéo situé n'importe où sur la planète et le répartiteur téléphonique local. La télévision Adsl, qui limite l'offre à un bouquet de chaînes, utilise le réseau de l'opérateur et le mode multicast pour acheminer sa centaine de programmes jusqu'aux autocommutateurs. Mais la télévision sur l'internet peut passer par les réseaux de différents opérateurs, rendant difficile une approche en terme de qualité de service. Quant au multicast, il n'est pas encore très répandu sur l'internet du fait de la difficulté d'en trouver un modèle économique (voir http://www.fing.org/index.php?num=4267,2) Pourtant, plusieurs experts pensent que l'augmentation des débits dans les cœurs de réseaux permettra de supporter l'émergence de la télévision sur Internet.

Vers de nouvelles télévisions ?

La télévision sur IP est particulièrement bien adaptée aux petites télévisions : télévisions participatives de proximité, télévisions hyperthématiques… Contrairement aux opérateurs satellite, il semble que les opérateurs qui diffusent des bouquets de télévision sur Adsl aient décidé de ne pas faire payer aux télévisions le transport. Quant à la télévision sur l'internet, elle permet de commencer très petit pour ensuite se développer. Peut être la télévision sur IP est-elle la chance de voir se développer, au coté de la télévision publique et de la télévision commerciale classique, un grand nombre de télévisions nouvelles : locales et thématiques, commerciales ou du tiers secteur telles qu'elles ont été définies par la loi sur la communication audiovisuelle du 1er août 2000. La télévision rejoindrait ainsi la presse écrite dans sa pluralité et sa diversité.

La télévision sur IP c'est aussi la promesse de nouveaux services et de nouveaux usages par le mariage des particularités de la télévision et de l'internet. Nous avons vu que la télévision sur Adsl permet un premier degré d'interactivité. Pour aller plus loin, il faut utiliser en même temps la télévision et l'internet. La télévision internet permet de bénéficier des deux mondes sur l'un ou l'autre des terminaux. Il est notamment possible d'aller bien plus loin dans l'interactivité qui relie le spectateur au diffuseur. Les spectateurs peuvent devenir acteurs et même échanger entre eux (voir par exemple WebcamTV au Népal http://www.fing.org/index.php?num=2734,2) .

On sait que les pics d'utilisation du téléphone ont lieu en soirée juste à la fin du film. A quand une messagerie instantanée accessible aussi bien sur une télévision qu'un ordinateur, qui me permettra de savoir ceux de mes amis qui suivent le programme pour les contacter en visio une fois le film fini et se repasser ensemble certaines séquences, ou même jouer ensemble à en faire des versions transformées ?


Jean-Michel Cornu