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L'Internet Africain

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"L'Internet est très adapté à l'Afrique - Non pas pour toucher tout le monde, mais pour que tout le monde soit touché."

Le fossé technologique fait partie des thèmes largement évoqués ces derniers temps. Et dès qu'il s'agit du continent africain, les "spécialistes" secouent souvent la tête d'un air désolé pour ce continent "privé" de hauts débits. Et pourtant, l'expérience africaine en matière d'Internet est tout simplement passionnante. D'autant plus que le réseau y est utilisé d'une façon qui n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il se passe sous nos lattitudes nordistes. Jean-Michel Cornu, expert société et technologie et conseiller scientifique de la FING, s'est rendu, à l'invitation de l'ACMAD, à Niamey (Niger) pour le lancement du projet Ranet. L'occasion de découvrir l'Afrique nouvelle génération.

Vous êtes allé au Niger pour suivre le lancement de plusieurs projets de développement liés à l'Internet. Quels sont-ils ?

Jean-Michel Cornu : Une société américaine, Worldspace, vient d'envoyer son premier satellite au dessus de l'Afrique. Ce satellite permet à la fois de recevoir les radios numériques, de CNN à radio Sénégal mais il met également à disposition des canaux de données qui permettent d'envoyer des données, par exemple un site web complet.
Parallèlement, la Worldspace fundation a pris la décision de donner 5% de la capacité du satellite aux africains pour les usages. Des usages qui s'intègrent dans le projet panafricain de l'Agence de la Francophonie : Ranet (radio et Internet) qui fédère plusieurs pays d'Afrique.

Deux projets principaux découlent directement de cette technologie.
Le premier, quasi-opérationnel, consiste à monter des radios communautaires. En Afrique la radio est un média très important et le satellite va permettre de le développer et de le rendre encore plus accessible. Comment ça se présente ? D'un côté vous avez une valise avec un émetteur, un enregistreur...bref tout ce qu'il faut pour permettre à un petit groupe de travailler et de créer sa propre station de radio. De l'autre côté, un récepteur, classique, de petits postes de radios, à manivelle ou solaires pour être utilisable partout. L'idée étant d'équiper des villages éloignés, des paysans, des nomades pour qu'ils aient accès à la radio.

Le second projet se monte en ce moment avec worldspace fundation. Le principe consiste à recevoir les informations du web grâce à un poste de radio spécifique qui a comme particularité une petite antenne satellite. C'est un équipement un peu onéreux (environ 2000 francs) mais l'idée c'est d'équiper des médias existants qui relayent ensuite les informations du web. Et il suffit de brancher un PC sur ce petit poste de radio pour se connecter au web. L'inconvénient, c'est qu'il n'y a pas de voie de retour. On ne sait pas encore faire par satellite. Donc il ne permet pas de surfer sur plusieurs sites. Toutefois, il est intéressant de pouvoir télécharger un site entier, par le fameux canal de données du satellite pour ensuite le visiter.

L'interactivité est donc réduite.

Oui, mais il existe une forme d'interactivité pédagogique, même réduite. Par exemple vous allez télécharger un QCM de langue pour apprendre l'anglais et vous téléchargez en même temps l'applet java qui vous dira si les réponses sont bonnes ou non. Donc il y a une petite part d'interactivité, même si l'on reste en local.

Quels types de contenus vont être disponible dans le cadre de ces projets ?

La première cible de ranet est information pour le développement et en particulier l'information météorologique. Il faut savoir qu'en Afrique, il n'y a que deux saisons : la saisons sèche et la saison des pluies. Or il est vital de connaître le type de saison des pluies (forte, normale, faible en pluie) à venir pour que les paysans cultivent en fonction. Le moindre faux pas et c'est la catastrophe. Si on se plante, on crève. Ce sont des des informations essentielles. Dans ce cadre, l'ACMAD (advanced center of meteorological applications for development) est également partenaire.
Il faut savoir qu'avant les prévisions à long terme se faisait sur des modèles météo occidentaux, ce qui n'a pas grand chose à voir avec les modèles africains. Aujourd'hui, grâce à la coopération des services de météo africain (53 pays sont réunis aux sein de l'ACMAD), le PRESAO, une prévision à long terme de la saison des pluies locales et particulièrement sur les zone sahélienne, a été mise en place.

Donc depuis deux, trois ans, l'Afrique a les moyens d'avoir des prévisions performantes... mais l'information auprès des paysans ne passe pas. C'est là qu'intervient Ranet. Le challenge est que l'information arrive jusque dans les coins les plus reculés. Or les technologies que je viens de décrire conviennent parfaitement à ce type de défi. Imaginez, l'information par sur le web de Niamey, elle est récupérée par un poste installé dans une ville moyenne qui la rediffuse ensuite via la radio...
Mais ce projet ne va pas se limiter aux informations météo. La volonté de l'ACMAD est de diffuser toutes les infos liées au développement. Programme de vaccination, prévention sida peuvent également en faire partie.

Mais le programme concerne tous les pays africain, qui ne parlent pas la même langue. Cela va poser un problème ?

Il y a entre 1200 et 1500 langues parlées dans toute l'Afrique. Mais la grande différence entre les africains en général et les européens c'est que tous le monde parle entre trois et cinq langues différentes. On estime que sur les 1500 langues, 50 sont véhiculaires, c'est à dire parlée par le plus grand nombre. Donc le problème des langue n'est pas un énorme problème. Le processus va se dérouler en plusieurs étapes. L'Acmad a d'abord insisté pour que les premières langues utilisées soient le français et l'anglais, langues les plus partagées en Afrique. Dans un deuxième temps, les informations seront disponibles en arabe et en portugais, puis, dans un troisième temps dans des langues telles que le swahili, le wolof, le aoussa...

Il s'agit donc de diffuser des informations au plus grands nombres, mais il y a également un volet scolaire dans ces projets ?

Oui, une deuxième approche a été développée avec un organisme de développement néerlandais : SNV. Il s'agit, uniquement au Niger pour le moment de créer des écoles communautaires dans les villages éloignés qui n'ont pas déjà une école.
Une personne du village sera désignée pour s'occuper des enfants. En échange, elle sera nourrie et logée par le village. Ces personnes seront formées à Niamey puis elles repartiront dans leur village, équipés d'un PC, alimenté en solaire, et pourront télécharger les contenus des cours. Ce système permet à des personnes d'un niveau scolaire de fin primaire de pouvoir enseigner et pallier ainsi au manque d'instituteurs, notamment dans les régions éloignées des capitales et des grandes villes. L'objectif pour 2001 est d'équiper 4 écoles tests.

Comment voyez-vous le développement de l'Internet et ses conséquences en Afrique ?

Internet est très adapté à l'Afrique. Pas pour toucher tout le monde mais que tout le monde soit touché.
Évidemment cela n'a rien à voir avec les critères du Nord. C'est sûr que si l'on prend les chiffres du nombre de connectés en Afrique en comparaison à ceux des connectés en Europe, il n'y a pas de commune mesure. Mais il ne faut pas calquer les modèle occidentaux sur les modèles africains. On a l'habitude de dire qu'il y a moins de téléphone en Afrique que dans l'île de Manhattan. Or c'est une façon de compter typiquement occidentale. En Afrique il faut compter par centre téléphonique. Un téléphone dans un village bénéficie à tout le monde. Donc le nombre de personnes bénéficiant du téléphone est beaucoup plus important que le nombre d'appareil. C'est le même principe pour l'Internet qui est présent dans les capitales et les grandes villes.

Quant aux usages de l'Internet en Afrique, une chose est notable : les internautes africains, par exemple les météorologistes, ne veulent pas être de simples utilisateurs. En Afrique, il a très vite été acquis que le principale intérêt de l'Internet réside dans l'échange et la transmission. Ce qui n'est pas toujours évident en dans les pays du Nord. Il y a une véritable volonté d'apprendre à réaliser des sites web, une très forte demande d'apprentissage.
D'autant plus que le multilinguisme et le multi-culturel spécifique à l'Afrique leur donnent un savoir-faire beaucoup plus fort en matière de communication. Et, pour reprendre des termes économiques, même s'il n'y a pas beaucoup d'Internet, en matière de production de contenus, l'Afrique peut très rapidement être autosuffisante. C'est l'exemple de la météo.
Mais ils peuvent aussi devenir très vite exportateurs... Et si aujourd'hui, les produits culturels sont exploités par les occidentaux, l'arrivée de l'Internet pourrait très bien renverser la tendance. L'auto-production devient possible et cela vaut aussi bien pour la littérature - il est plus simple et moins coûteux d'éditer en ligne que d'imprimer- que pour la musique.

Liens
http://www.acmad.ne/fr/
http://www.worldspace.com/company/ws_foundation.htm
http://www.snv.nl/

Source : http://www.fing.org/index.php?rubrique=article&num=404

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Jean-Michel Cornu - 21 juin 2000