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2ème rencontre : Les enjeux de l'Internet rural (Felletin, Creuse)
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Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la Fondation Internet Nouvelle Génération
Synthèse
Introduction de Michel Pinton, maire de Felletin
Table ronde : les stratégies des territoires ruraux
Atelier : La desserte en haut débit des zones rurales
Atelier : Les nouvelles approches coopératives
Etude sur les usages et dynamique des TIC à Felletin
Table ronde : sensibilisation/accompagnement, clé
de l’intégration des TIC et de leurs enjeux en milieu rural
Animation : Isabelle Bize
Le premier forum de Felletin en 2002 avait fait ressortir la nécessité de trois conditions :
En un an les choses ont évolué :
Il est important de passer maintenant en phase opérationnelle
Quelques exemples concrets présentés lors du forum :
Il y a un besoin d’échanger sur les questions de droits, sur les usages existants et d’imaginer de nouveaux usages qui facilitent nos vies professionnelles, personnelles, sociales... Pour cette raison, le forum devient plus permanent avec la mise en place d’un groupe en ligne sur les usages de l’Internet Rural... et une prochaine édition en 2004.
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Introduction de Michel Pinton, maire de Felletin
Les hauts débits à Felletin ont eu un impact à la fois sur les entreprises mais aussi dans le domaine culturel. La ville est depuis longtemps en avance des expérimentations en milieu rural. L’expérience de la BLR s’arrête en juillet mais l’aventure continue. Felletin continuera à mettre en oeuvre des nouvelles technologies au service des zones rurales.
Table ronde : les stratégies des territoires rurauxChristian Lagarce, conseiller municipal de Roquebillière (pays de Vesubie)
La commune de Roquebillière subit l’influence de Nice, toute proche, qui absorbe tous les jeunes instruits de la commune.
Christian Lagarce est également commerçant. La motivation des entreprises pour s’installer dans les communes rurales est de pouvoir avoir un bon cadre de vie.
Le projet Caire del Mel est lancé au niveau de 7 communes pour 4500 habitants. Chaque commune est un peu concurrente. Le projet est prévu pour l’instant avec de l’ADSL dans les 3 communes où arrive la fibre optique et du Wi-Fi dans les autres communes.
Il faut montrer des exemples concrets aux élus : par exemple une séance de cinéma tous les soirs, partagée entre les communes et rediffusée dans les autres.
On parle beaucoup d’expérimentations mais après la phase du haut débit les zones rurales passeront-elles encore après les autres pour le très haut débit ?
Michel Kirschleger, conseiller municipal de St Antonin Noble Val (Tarn et Garonne)
St Antonin Noble Val est une ville médiévale à 60km de Toulouse dans une vallée encaissée. Après une longue période de baisse, la population augmente de nouveau depuis 20 ans grâce probablement à Internet. Mais la vitesse n’est pas suffisante et si rien n’est fait dans les toutes prochaines années les personnes risquent de repartir vers Toulouse ou Montaubant.
Un groupe de travail " Quercy-Rouergue haut débit " a été créé. On y trouve un preneur de son, des personnes qui fabriquent des manuels de maintenance, des professionnels du secteur de la santé (avec la carte vitale et le transfert de dossiers). Tous ses gens ont d’ores et déjà besoin de haut débit. Chez les agriculteurs il y a peu de demande mais cela commence (par exemple pour la liaison avec le syndicat, les lycées d’enseignement agricole). Il y a une usine d’embouteillage d’eau mais cela ne représente que 3 personne car tout est automatique.
Il y a aussi beaucoup d’étrangers qui s’installent ou de jeunes retraités qui ont tous l’habitude d’avoir déjà le haut débit.
Selon un chiffrage demandé à un opérateur, il faudrait 1,5 Millions d’euros pour faire venir le haut débit jusqu’à St Antonin (pour 2000 habitants). La commune est en train de voir les solutions satellite et Wi-Fi. La difficulté est que le terrain est assez accidenté.
Les élus commencent à être conscient que si on n’amène pas le haut débit les gens iront s’installer ailleurs.
Eric Jammaron, délégué général syndicat mixte DORSAL (Limousin)
Le Limousin représente 3 arrondissements de Paris en population.
Le schéma directeur de DORSAL a été rendu le 20 mars 2003. L’ambition de DORSAL est de tendre vers une couverture haut débit universelle en Limousin en l’étendant progressivement. Il faut aller jusqu’à l’utilisateur et se préoccuper du premier kilomètre. Pour les petites communes le concessionnaire devra couvrir le territoire avec le type de technologie adéquate.
Quelques questions qui ont été abordées :
- Les travaux ont permis de voir qu’un projet collectif est plus efficace que des projets individuels. C’est même la seule solution pour gérer de façon efficace et pérenne des moyens publics.
- Il faut continuer la péréquation tarifaire pour que le haut débit soit au même prix à Limoge et dans un petit village.
- Il y a une notion très forte de neutralité par rapport aux acteurs pour ouvrir le marché à l’ensemble des professionnels. Il ne s’agit pas de proposer des services de données et de téléphonie mais de se contenter de créer le lien avec les offreurs de service.
Il va y avoir un nouveau syndicat Mixte non plus pour l’étude mais pour la réalisation. Un des points importants a été d’avoir un temps le plus court possible, une fois la stratégie définie, pour arriver jusqu’au résultat opérationnel.
Le premier syndicat a été prévu pour un an. Le nouveau syndicat mixte doit être crée avant la fin de l’année pour obtenir la délégation de service public tout début 2004. Le début des travaux devrait se faire dans le deuxième semestre 2004.
La question des droits est également fondamentale.
Christophe Cellarié, Cybercantal
Le projet est né en 1998, imaginé par le Conseil Général pour sensibiliser les scolaires à l’ordinateur.
Même si la fibre optique passe, France Telecom n’équipe pas tous ses centraux en DSLAM pour offrir de l’ADSL partout. Une solution est le satellite bidirectionnel qui est même envisageable économiquement pour une seule société. Les agences France Telecom pourraient ouvrir leurs agences pour l’abonnement Satellite et Wi-Fi.
Charles Buriell, CNERTA
Le pire n’est pas seulement la délocalisation de l’entreprise mais la délocalisation de la plus haute part de valeur ajoutée de l’entreprise. Pour les ingénieurs il faut du très haut débit.
Le président de la fédération d’horticulture et les gens de l’industrie automobile expliquent qu’ils ont besoin de très haut débit. Celui-ci doit également servir pour les petites entreprises. Il faut que les collectivités locales aident à faire émerger de nouveaux types d’entreprises.
Techniquement il y a des solutions. Les problèmes restent des problèmes économiques. Par exemple pour le satellite c’est un problème d’industrialisation (aujourd’hui l’équipement représente 1500 euros car les matériels sont récents. Il faudrait que le nombre d’équipements vendus soient de 100 000 en Europe pour que les prix baissent de façon significative).
Le projet Metafor permet de développer la diffusion de formations professionnelles et de colloques spécialisées dans des salles en zone rurale. Le 26 mai, par exemple aura lieu un cours pour des DRH rediffusé sur le réseau Metafor, sur l’enseignement à distance. D’autres interventions sont prévues avec une spécialiste de l’ESB, etc.
Pour en savoir plus : La diffusion du colloque de Felletin en France et en Europe Le Metafor était un projet européen, maintenant il passe en phase de déploiement. Pendant le forum sur les enjeux de l’internet rural, deux transmissions depuis Felletin et Ahun sont mélangées à Dijon, encodées à Cannes et transmises à Monaco pour remonter sur le satellite. Le signal utilise une bande passante de 512 Kbits/s et fait 80000 Km avec deux sauts satellites. Grâce à ces moyens le forum de Felletin a été suivi par environ 200 personnes : 80 à Felletin même, 65 à Dijon et les autres dans 30 sites en zone rurale en France et une trentaine d’autre en Europe. Tout ceci sans compter les internautes qui ont suivi le colloque qui a également été retransmis de façon classique sur le net. |
Ateliers
La desserte en haut débit des zones rurales animé par Stéphane Soyez, ARD
L’atelier n’a pratiquement pas parlé de technique et c’était intentionnel. En effet, il faut prendre en compte les différentes facettes et regarder le projet de desserte sous l’angle juridique, économie et politique.
Il faut définir
- à quel niveau la décision doit être prise
- les moyens à mettre en oeuvre
- les publics cibles
Dans un second temps on fait appel à des professionnels. Mais avant même les choix stratégiques, il faut faire des expérimentations et ne pas attendre pour passer à l’action.
Les nouvelles approches coopératives animé par Jean-Michel Cornu, FING
Il y a un an au forum de Felletin plusieurs clés avaient été identifiées : la sensibilisation des élus, les technologies, mais aussi des moyens et des hommes pour animer les projets.
Lorsque les projets inter-organisations rassemblent des élus, des chefs d’entreprise, des responsables associatifs et des individuels, on ne peut pas forcer chacun à se mobiliser. Il faut alors aider les participants potentiels à s’impliquer. Pour cela 3 pistes ont été identifiées :
- Faire en sorte que l’intérêt individuel rejoigne l’intérêt collectif (par exemple grâce à une vision à long terme ou avec des modes d’évaluations collectifs basés sur l’estime)
- Faire en sorte que le projet ne souffre pas de ceux qui ne coopérèrent pas ou même trahissent (en ayant une approche parallèle plutôt qu’une approche séquentielle où chaque étape est critique)
- Faciliter l’implication en développant la motivation (par exemple par le plaisir), en réduisant des freins et en faisant en sorte qu’il soit simple de passer à l’acte.
Felletin est une ville de 1500 habitants qui a développé une expérimentation de haut débit en boucle locale radio entièrement prise en charge par France Telecom (512K symétriques par personne qui se partagent 2 Mbits/s vers l’Internet). Il y a une quarantaine d’abonnés et une vingtaine dans la file d’attente.
Il n’y a pas vraiment de dynamique qui s’est mise en place entre les connectés. C’est aujourd’hui une réalité banale à Felletin mais du coup les felletinois se trouvent à l’écart des projets collectifs type Dorsal. Il y a des exclus (en dehors du périmètre) qui sont plus frustrés et une inquiétude des usagers face à l’augmentation du trafic : il va falloir se partager la bande passante avec un nombre de personnes de plus en plus grand.
Il n’y a pas d’attente spéciale de contenu ou par rapport au site Web de la mairie mais plutôt des envies de services de proximité. Les usages sont en général assez semblables à ceux que l’on a avec l’ADSL. Mais avec une adresse IP fixe certains usages se sont développés tels que l’hébergement de serveurs. Par contre les utilisateurs se demandent comment peuvent faire ceux qui n’ont pas le haut débit.
L’élément clé dans le haut débit n’est pas le débit lui-même mais la connexion permanente qui débride les pratiques. On obtient ainsi une simplicité d’usage et cela a par exemple permis une utilisation très développée de la messagerie instantanée (y compris dans les milieux professionnels) et du peer to peer. Il y a un besoin de communiquer entre les personnes. L’attente est également de pouvoir publier soi même, être acteur, plutôt que de simplement consommer du contenu.
Cependant il n’y a pas une communauté des internautes de Felletin. Il n’y a pas de conscience qu’il y ait d’autres personnes ou un groupement intéressé. Les réunions collectives pour la réalisation de l’étude ont permis une première prise de conscience. Il y a un paradoxe avec des besoins de services très locaux alors que l’Internet est plutôt utilisé pour communiquer loin...
Les professionnels voudraient venir à l’espace publique numérique mais ils ne franchissent pas la porte. Il faudrait passer par leurs instances professionnelles (chambre d’agriculture, chambre des métiers).
En résumé : Le moteur des usages est le besoin d’échanger et d’être acteur, le contenu est important mais dans un deuxième temps. La simplicité (connexion permanente) est fondamentale.
Table ronde : sensibilisation/accompagnement, clé de l’intégration des TIC et de leurs enjeux en milieu ruralChristine Courcy, responsable de la cellule NTIC, Conseil Général de L’Yonne
L’Yonne comprend 453 communes dont la grande majorité sont des communes rurales. Le département à lancé une enquête (91% des communes ont répondu) : 90% des communes n’avaient seulement qu’un ou deux ordinateurs et n’étaient le plus souvent pas connectées. 10% ne savaient pas répondre si elles avaient ou non Internet...
La moitié des communes étaient prêtes à participer à un groupe de travail sur les NTIC mais voulaient être rassurées sur leurs craintes. Il a fallut " dédramatiser Internet ". Elles ont apprécié d’échanger entre elles. Cela à développé une demande pour avoir un partage d’expériences et des espaces en ligne pour s’exprimer. Le département les a accompagné et a même fourni 300 modems, parametré les matériels pour ensuite les former. 57 réunions de 3h ont été organisées dans les cantons. La cible a été le binôme secrétaire de mairie et maire.
Un exemple concret présenté était : comment fournir instantanément le formulaire CERFA pour abattre un arbre dans une zone classée à une personne qui le demande.
Aujourd’hui 70% des communes sont connectées. Les communes qui ne se sont pas équipées ou rééquipées attendent principalement le renouvellement planifié de leur matériel. Il reste pourtant des réfractaires, une mairie dans le département n’a même pas le téléphone !
José Brito, conseiller municipal de St Germain en Morin (Seine et Marne)
St Germain en Morin est une commune rurale mais proche... de Marne la vallée et d’Euro-Disney.
Un projet a été mis en place pour que tous les élus aient un email. Une liste de discussion a été créée. Après la mise en réseau de la municipalité, l’ADSL est arrivé. Le mail est devenu progressivement un outil pour échanger de l’information entre les élus. Seuls six élus savaient se servir de l’outil. Il a fallut former les autres. 21 élus sur 23 utilisent maintenant l’email.
Un groupe d’échange de savoir s’est créé pour mettre en place un espace publique numérique.
Marc Gallien, délégué général Cybermassif (Massif Central)
Cybermassif est un projet qui développe 12 centres de ressources dans le massif central pour aider les entreprises à intégrer les TIC dans leur stratégie.
Plusieurs services sont proposés, certains très simples comme de répondre à la question " à quoi çà sert ? ". La question ne se pose pas en terme d’usage mais de business.
Avant de parler de TIC ou d’Internet, la première étape consiste à faire rentrer un ordinateur chez l’artisan ou la PME.
Cybermassif fait de l’assistance à maîtrise d’ouvrage (chaque territoire réécrit son projet) et du développement d’outils mutualisés pour mettre les centres de ressources en réseau.
Après le 30 juin 2004 ce projet de développement de centres de ressources sera étendu au niveau national.
Cybermassif, le conseil général de l’Yonne et Digiport vont présenter leur expérience en Italie dans le cadre d’un colloque sur les bonnes pratiques.